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23 Sep

Zampano !

Publié par Tchema  - Catégories :  #Emotion

   A l'âge fou de l'adolescence où j'aimais sonner et m'époumoner dans tout ce qui brille, plié par le carcanfanfare d'une discipline de fer, j'offrais mes services fanfardesques aux manifestations de mon établissement scolaire et militaire. Je m'essayais à la trompette et au clairon sans mesurer alors ce qu'ils m'apporteraient plus tard.

  Je m'habituais donc à l'odeur du vieux cuivre si souvent briqué, bien usé, au goût métallique et rapeux des embouchures glacées qui, en hiver, collaient douloureusement aux lèvres.

   Assez fier de faire partie de cette clique aux guètres immaculées et aux crispins flatteurs, nous oeuvrions pour toutes les cérémonies. Kermesses en été, défilés et honneurs au drapeau les dimanches et jours de fêtes, nous gardions même la formation pour de tristes enterrements où seuls les tambours faisaient résonner en sourdine le cadencement de nos pas.

 

  Des années passèrent lorsqu'un jour de vacances loin de ma famille, en vidant une cave de vieux débris hétéroclites, je fis la découverte d'une trompette quelque peu cabossée et ternie par le temps. Un bonheur soudain m'envahit comme lors des retrouvailles d'une amie perdue de vue.

   Elle prit rapidement un aspect plus digne en perdant sa patine, les bosses disparurent presque sous les reflets scintillants. Avec un peu de mal pour dévisser les pistons, je parvenais bientôt à leurs donner la souplesse d'un instrument en bon état. J'entends encore en souriant les premières notes qu'elle voulut bien me donner. La Strada, cet air lugubre rendit ses honneurs à ma vieille trompette. Au résultat, je ne pus m'empêcher de saluer la foule imaginaire en m'acclamant à voix haute : "Et voici le grand Zampano !".

 

   Le temps et la vie mirent de la distance entre elle et moi. Pourtant, lorsque je rentrais à nouveau dans le monde militaire, de pesantes corvées étaient le lot des jeunes engagés. Gardes et permanences venaient malencontreusement annuler les permissions réglementaires. Jusqu'au jour où, le Capitaine Lucioni vint me trouver pour me dire : - J'ai besoin d'un clairon pour ma fanfare.

 

   Plus de garde, plus de corvée et des permissions exceptionnelles régulièrement accordées, rendirent plus confortable encore mon existence de petit Zampano. Tchema 09/2010

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O
<br /> Merci pour ce partage de souvenirs petit Zampano .. Bonne journee .. Bisous de chez nous ..<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Comme quoi toute chose a du bon ....encore une fois tu me fais replonger dans mon enfance et quand j'entends cette musique chez nous c'était Georges Jouvin notre trompétiste favori. C'était souvent<br /> que ces disques en cire se retrouvaient sous la pointe du gramophone dont il nous était interdit de remonter le mécanisme (une manivelle). On restait là assise sur le tapis à écouter ce trompetiste<br /> qui avait l'air de se cacher dans cet énorme pavillon. Doux souvenirs de mon enfance ... Merci Tchéma Bon Dimanche. Beso. La Cigale<br /> <br /> <br />
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