Samoa ou Marie-Dream

L'annonce précisait un bon prix comprenant le bateau et la remorque.

Mon budget loisirs réduit considérablement mon choix dans cet investissement. Alors tant pis. J'irai quand même voir Mimie, ce petit bateau qui me hante depuis hier.

En me rasant le matin, je me surprends à prononcer le nouveau nom qu'il prendra si....

Samoa, Marie-Dream et plein d'autres collerait parfaitement à mon bonheur. 

Du pont, on peut l'apercevoir, m'avait dit son propriétaire. Effectivement, au bord de la route et du stade, sa silhouette est remarquable.

A l'approche, une sensation de déception que je connais bien m'envahit. Sous l'épaisse couche de peinture aux finitions approximatives, la carcasse a du mal à cacher ses blessures. Le temps a ajouté des cicatrices mal réparées et même le métal supposé résistant à la corrosion, montre un manque d'entretien prolongé.

A chaque plaidoirie contre cette acquisition, je fournis une raison de n'en tenir compte. Même la déraison a raison de toutes les contraintes. Plus d'un an de travaux importants s'impose, mais je balaye ces heures de sacrifice d'un révère de mémoire. Toutes les pièces à changer, le moteur à rajouter impliquent un coût inestimable, oui, mais...

Petit à petit, mes arguments basculent et l'arrivée du propriétaire rajoute à mon embarras. Il veut s'en défaire à tout prix et me le cèderait bien sans prix du tout. Mais que vaut enfin l'embarcation à l'eau. Son silence confirme la déception ressentie en arrivant. Je prends quelques photos et prétextant une autre affaire à voir plus loin, je le quitte presque brutalement.

Sur la route du retour, reprennent mes rêves avec les couleurs de l'espoir de voir un jour, peut-être, Samoa ou Marie-Dream m'emmener en balade pour de vrai...

A mon ami Joël. (Tchema 07/2012)