Premiers chants ?
Les devoirs d'un grand-père peuvent demander des efforts qu'une antique carcasse a du mal à fournir.
Pourtant, la fatigue de ce petit exige douceur et patience. Mes deux bras doivent donc servir de refuge en soutenant ce gros bébé. Il faut également bercer, en marchant, en cherchant un sommeil difficile à trouver.
Et j'utilise les rangaines monotones que chantaient ma mère et d'autres mères avant. Je ne trouve pourtant que de petites phrases musicales murmurées du plus profond de moi, il y a bien longtemps que les paroles sont oubliées.
La petite tête se colle sur la poitrine et pèse comme tout son poids, plus fort maintenant. J'arrive à mes fins, me dis-je, il s'endort à présent...
Je deviens inaudible jusqu'à cesser doucement...
C'est alors que de sa petite voix, d'une justesse malhabile, il poursuit ce qu'il semble aimer...
De ma fatigue d'avoir tenu jusque là, il ne reste plus rien en entendant ce gosse qui ne dort toujours pas. Il est bien, me le dit à sa manière, une manière toute simple de rendre un Papy heureux...