Mon coin à moi !
Il est de ces recoins cachés qui soignent par de fréquentes visites les petits soucis, les états d'âme fiévreux, les nostalgies chroniques.
Le mien borde un petit lac pas très loin de chez moi, puisque je peux y aller quelque fois en forçant sur les pédales du vélo. Accueillant, il semble avoir toutes les routes qui y mènent facilement et préparent aussi à la grande surprise de sa quiétude.
J'y pratique un rituel magique. Marchant toujours d'un pas régulier mais moins rapide que la plupart des
promeneurs et des sportifs paraissant trop pressés pour en apprécier le site. Le tour d'une eau paisible se fait toujours dans le même sens. Les fortes Tramontane perturbent bien moins
ce diaporama que j'aime beaucoup.
Débutant par le plage où barbotent ensemble bambins et canards, on passe au bord d'une presqu'île où, souvent, une armée de pêcheurs plantent les tentes formant de véritables campements camouflés par une barrière de roseaux. Ils y passent la nuit, chassant la perche et la carpe en nombre à cet endroit. La taille de ces bêtes confirme que les passionnés relachent leurs prises après chaque bataille.
Les clubs de Canoë et autres glisseurs à rames siègent ensuite, juste avant le bosquet verdoyant des amateurs de grillades. Ici, à l'ombre des pins, sur des tables et bancs de pierres, les familles, le dimanche, se retrouvent pour les traditionnelles cargolades arrosées comme il se doit.
Plus loin, sur le chemin, de larges bandes de terre servent de toiles aux jardiniers communaux. Tous les ans, une féerie de
couleurs nous régale.
J'ai vu aujourd'hui, une jolie jeune fille préférant aux plages de sable fin, l'étendu d'une vague de coquelicots pour
s'allonger près d'elle. Sans doute voulait-elle ajouter un peu plus de contraste au magnifique coup de soleil qu'elle ne manquerait pas d'attraper.
Car le soleil est plus fort ensuite avec moins d'ombre. Le petit promontoire qui mène au balcon dominant le paysage sert de test au marcheur avec sa montée un peu raide, des bancs en haut récompensent l'effort à l'ombre des alzines (petits chênes).
Sur le retour, vers le village, on regrette déjà cette première moitié de balade. Les cloches de l'Eglise viennent charmer les derniers
kilomètres.
Une dernière fois, une carpe énorme vient de sauter sur l'eau, narguant à sa manière ceux qui la traquent ailleurs... Ou bien, veut-elle me remercier d'être venu faire le tour de son merveilleux domaine... Je lui promets de revenir voir ce lac de coquelicots...