Liberté, Egalité, Fraternité...
Que sont-ils devenus depuis que Maximilien Robespierre dans son Discours sur l'organisation des gardes nationales imprimé mi-décembre 1790 les proclama ? Quels sont leurs sens au vingt et unième siècle où la mode est de remettre en cause le vrac dans lequel on retrouve notre drapeau, la Marseillaise, et les lois de la République ?
Liberté :
La déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793 définit ainsi la liberté : « La liberté est le pouvoir qui appartient à l’homme de faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d’autrui ; elle a pour principe la nature ; pour règle la justice ; pour sauvegarde la loi ; sa limite morale est dans cette maxime : Ne fais pas à un autre ce que tu ne veux pas qu’il te soit fait ». « Vivre libre ou mourir ».
Aujourd'hui, ses limites morales même sont bafouées comme le sont les lois qui tentent de la protèger. Quant au respect de ne pas nuire à l'autre, je vous laisse mesurer chaque jour l'indifférence de l'homme à notre époque sur ce sujet.
Enfin ceux qui, dans notre histoire, ont fait leur la plus grande devise républicaine : "Vivre libre ou mourir", doivent être fatigués de se retourner dans leurs tombes.
Egalité :
Le mot « égalité » signifie que la loi est la même pour tous, que les distinctions de naissance ou de condition sont abolies et que chacun est tenu à mesure de ses moyens de contribuer aux dépenses de l'État. La déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1793 déclare que : « Tous les hommes sont égaux par nature et devant la loi. » Selon la déclaration des droits de l'homme de 1795 : « L'égalité consiste en ce que la loi est la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. L'égalité n'admet aucune distinction de naissance, aucune hérédité de pouvoirs. »Il y a quand même une dimension sociale dans l'égalité puisqu'elle résulte, selon Robespierre, de l'amour de la Patrie et de la République qui ne tolère pas l'extrême disproportion des richesses. Égalité demande donc, pour le fondateur de la République, que l'héritage soit aboli, que chacun ait un travail et que l'impôt soit progressif. Bref l'égalité des sans-culottes n'est pas celle des brissotins. Rousseau définissait l'égalité, consubstantielle à la liberté, comme le fait que « nul citoyen ne soit assez opulent pour en pouvoir acheter un autre, et nul assez pauvre pour être contraint de se vendre. »
Sans revenir sur les préceptes communautaristes qui ont marqués de leurs déchéances la fin du 20ième siècle, s'il y a bien un mot qui est bafoué par le pouvoir de l'argent est bien celui-ci. Alors que nous pourrions au moins chercher l'égalité devant nos compatriotes qui manquent de l'essentiel, notre société sacralise le dieu Argent pour d'insatiables superflus...
Fraternité :
Troisième élément de la devise de la République, la fraternité est ainsi définie dans la Déclaration des droits et devoirs du citoyen figurant en tête de la Constitution de l'an III (1795) :
« Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fît ; faites constamment aux autres le bien que vous voudriez en recevoir ».
Malheureusement l'individualisme développé dans notre société tend à ne chercher chez son propre frère que ce qu'on aimerait bien posséder soi-même.
Société de consommation, publicité, sont autant d'effets néfastes sur l'homme du 21ième siècle pour le respect de ces trois valeurs. Elles sont unies et sont en même temps
complémentaires. Bien fragiles de nos jours, gardons-les comme objectifs et non comme utopies, car elles soutiennent pour combien de temps encore le bien fondé de notre démocratie
républicaine...