Langueurs de septembre.
Passées les pesantes chaleurs que l'on redoute ici. Partis les semeurs de fêtes, touristes arrogants, inconditionnels baigneurs à peau blanche rougie par imprudence.
Ce sont les retrouvailles au pays. Le temps de la repossession du terroir. On se reconnaît alors en se croisant dans ces lieux prêtés pour quelques mois à la
fureur des autres.
Avec cette langueur de vieille anglaise marchant à précaution, on se promène en goûtant chaque instant de cette arrière saison.
Il y a quelques jours déjà, la Tramontane a emporté les odeurs de friture, d'huile de bronzage et de fumées malsaines. Les pins, à présent, parfument la plage d'essences bienfaisantes. Quand un souffle descend des côteaux verdoyants, il ajoute les senteurs de la vigne et du moût de muscat.
Si l'on tend bien l'oreille vers ces proches montagnes, on percevra peut-être le chant des vendangeurs. Mais plus bas, les cris des enfants manquent un peu sur le sable, le calme et le ressac doux tentent de les faire oublier.
C'est alors que je laisse aller ma vieille mémoire, à chercher au fond des souvenirs, les traits de son visage, la lumière de son sourire. Ils apparaissent doucement dans un halo bleuté, juste au dessus de ce reflet d'argent. Je me dis qu'elle est là, avec moi, comme avant. Comme un avant si loin déjà, l'avant pour moi et ma Maman... (Tchema septembre 2010)